samedi 28 janvier 2017

Harry Potter et l'Enfant Maudit - J. TIFFANY & J. THORNE


Une fois n'est pas coutume, on change encore une fois radicalement de genre. Mais vous commencez à connaître mon "éclectisme littéraire".

Pourquoi l'avoir lu, pourquoi le lire?

J'avais bien sur entendu parler de la pièce (pour ceux dont ce n'était pas le cas avant de lire ces lignes : j'espère que votre grotte est confortable ;) et j'avais bien sur envie de me remettre dans l'univers de Poudlard, mais les priorités de lecture étant ce qu'elles sont, j'ai du attendre un peu avant de me lancer.

C'est en fait une collègue de travail qui me l'a prêté après l'avoir lu (à noter d'ailleurs qu'elle m'avait également prêté les contes de Beedle le Barde, que j'ai littéralement dévoré en quelques heures, quelques semaines plus tôt, mais dont je n'ai pas fait la critique ici : lisez-le ! Il fait passer un bon moment). Je n'ai pas attendu très longtemps avant de le lire et encore moins avant de le finir. Au bas mot, je l'ai attaqué le 7 janvier pour le finir le 11, sans forcer la lecture, vraiment!

Pourquoi avoir eu envi de le lire? Pour me replonger dans l'univers, comme dit auparavant, mais aussi pour découvrir la pièce. Il faut lire le livre comme tel. C'est une pièce de théâtre, cela à son importance! 

La "magie" de la nostalgie opère en amenant de la fraîcheur tout de même.

J'ai été servi! Dès les première lignes, on retrouve l'univers qu'on avait quitté quelques années en arrière. La voie 9 3/4, les baguettes, les animaux magique s(fantastiques?!), la magie, les personnages, l'ambiance en bref! Ca fait du bien! J'ai grandi avec  Harry. Littéralement. Mon entrée en 6ème coïncide avec la parution du premier tome en France (1998). Pour vous dire ! Je suis la cible de lecture par excellence! Aussi, cela fait toujours quelque chose quand on retrouve un classique de notre enfance! Malgré moi, j'ai éprouvé les sensations et émotions de lecture que j'ai pu ressentir lorsque j'étais enfant! Et ça fait un bien fou!

Mais, bien heureusement, il n'y a pas que la nostalgie. Si le côté "fan service" est présent, Harry a grandi et l'histoire ne se repose pas uniquement sur le succès d'antan de la saga. Elle propose un vrai renouveau, apporte une vraie fraicheur!

Un nouveau personnage principal !

La fraîcheur, c'est celle apportée par les personnages tout d'abord! Si Harry est présent il n'est pas le personnage principal de l'histoire! L'histoire se concentre sur les aventures de son deuxième fils (puisque oui, Harry a eu 3 enfants), Albus, qui peine à trouver sa place dans le monde des sorciers face au lourd poids de son héritage familial. A ce titre, la relation qu'il entretient avec son père est assez conflictuelle, torturée même, mais très humaine aussi. 

Harry, qui n'a pas eu de vrais repères paternels, navigue sans boussole dans ce rôle. Le développement de la relation père/fils est à ce titre extrêmement intéressant parce que traitée de manière très humaine. Harry n'est pas idéalisé, n'est pas le héros sans défaut, loin de là! Il souffre lui aussi de cette relation, doute et commet des erreurs, il est adulte en bref!

S'agissant du "second" personnage principal, sans le nommer pour préserver le suspens : la relation développée avec Albus est également sympa . S'il reste légèrement caricatural parfois, il a son histoire propre, tout aussi lourde que celle d'Albus.

Une histoire de temps plutôt réussie mais quelques légèretés scénaristiques.

Sans tuer la surprise, l'histoire tourne autour du temps... J'ai généralement du mal avec ça, parce que les incohérences sont souvent nombreuses dans ce genre de scénario... Là, la chose est plutôt bien traitée et, même si il y a certains "raccourcis", je n'ai pas relevé de vraies incohérences! Pour autant, il y a certaines légèretés scénaristiques, l'une d'elle, sans spoiler encore une fois : l'absence d’interaction avec James et Lily, les deux autres enfants d'Harry. C'est étonnant! Moi en tous cas ça m'a gêné! Mais passons sur ces petits défauts, qui n'en sont d'ailleurs pas vraiment!

S'agissant du scénario en lui-même, très franchement?! Rien d'extra ordinaire, on se doute de la fin, des différents rebondissements, mais ce n'est pas si frustrant! C'est peut être vrai aussi parce qu'on lit une pièce (et que les comportements des personnages sont aisément identifiables car écrits, il n'y a pas les subtilités du jeu, comme au théâtre)! La voir ne permet peut être pas de "lire" le scénario en avance aussi facilement! 

En bref, à lire ou pas?

La "magie" opère! J'ai adoré! Même si le scénario n'est pas transcendant, assez prévisible même parfois, certains personnages caricaturaux, d'autres absents, ça fonctionne! Clairement! On est happé par l'univers, la nostalgie nous prend, et on a envie d'en savoir plus rapidement. Le livre se lit d'ailleurs extrêmement vite! Parce que le contenu n'est pas volumineux mais aussi parce que la lecture est fluide, facilitée par le style "théâtre" qui peut pourtant rebuter au départ. Donc oui! A LIRE! Sans modération! J'aimerai d'ailleurs beaucoup voir le rendu sur les planches. L'immersion doit être totale!

4/5 étoiles

 J. TIFFANY & J. THORNE, Gallimard, 2016, 342p.

vendredi 20 janvier 2017

Révolution - Emmanuel MACRON





On change radicalement de genre avec Révolution, d'Emmanuel MACRON, l'ex-jeune ministre de François HOLLANDE, aujourd'hui jeune candidat à la présidentielle.

Pourquoi l'avoir lu? Pourquoi le lire?


Question qui mérite d'être posée. C'est suite à un reportage sur France Télévision que m'est venu l'envie d'en savoir davantage sur ce candidat à la présidentielle.

En effet, le reportage nous montrait un homme plein d'ambition, avec des idées intéressantes, qui se revendique "sans étiquette", du parti des "idées" justement,... 

J'aime pouvoir, quand je suis intrigué, me faire mon avis sur des individus en les lisant. C'est une chose de parler de quelqu'un ou d'en entendre parler mais on apprend, selon moi, à connaître une personne qu'en l'écoutant (ou la lisant le cas échéant). Aussi, c'est tout naturellement que je me suis jeté sur son livre (dès sa sortie pour tout dire).


Un guide "Macron", pas un programme.


Ceux qui voulaient en savoir plus sur ses propositions concrète, son "programme" même, seront déçus. L'auteur le dit dès l'entame, il ne s'agit pas d'un programme et il ne nous ment pas. Il s'agit davantage de nous exprimer son état d'esprit sur bien des sujets (l'organisation de l'administration française, l'Europe, le Front National, la laïcité,...) que de nous "balancer" des idées, bien souvent de quelqu'un d'autre d'ailleurs, comme le font nombre de politiques en cette période de campagne. Et c'est là que la chose devient intéressante, je pense.

Il nous en dit plus sur lui même, sur son éducation, son passé, vraisemblablement sans détour. Il se présente tel qu'il est : enfant de médecins, élevé par sa grand-mère dans la lecture classique, banquier n'étant pas dans le besoin, mais avec une volonté de s'investir pour son pays, de forger une "Révolution" démocratique.

C'est, ne nous mentons pas, soit très honnête, soit très habile (ou les deux, auquel cas plus habile qu'honnête en somme...). Quoi qu'il en soit, il nous en dit plus sur lui et cela suscite, si ce n'est l'adhésion, au moins la sympathie. 

Un livre plutôt bien écrit mais court.

Sans être un chef d'oeuvre (on passera l'erreur concernant Villeurbanne dans la périphérie lilloise...), le livre se lit aisément, et l'alternance entre petites confidences et ton plus sérieux donne un côté "léger" qui fluidifie la lecture.

On regrettera toutefois la longueur du livre. Les caractères et la police sont de taille assez importante et les pages ne sont pas légion. Le livre se lit donc vite. Qualité ou défaut? Chacun aura son avis. Le miens? Pour le prix du livre... J'aurai apprécié plus de contenu. Mais en rajouter pour en rajouter n'aurait pas été une solution non plus (surtout sur des sujets comme ceux là). Donc...

En bref, à lire ou pas?

Je voulais me faire mon avis. Le livre le permet. Mission accomplie, et avec la manière pour moi. Le livre se lit bien, le contenu donne satisfaction sans en faire trop, bref : pour ceux qui souhaitent se faire leur avis sur l'homme, allez-y, pour les autres, les résumés et autres critiques pourront suffire.

2,5/5 étoiles

E.MACRON, Révolution, Xo, 2016, 270p.

Au-delà de l'Horizon - Richard Parks




Un livre touchant.

Deuxième livre du genre que je lis, je n'ai, encore une fois, pas été déçu et ai découvert un genre littéraire qui me plaît vraiment.

C'est en bref l'histoire d'un rugbymen professionnel atteint par une grave blessure le contraignant de mettre un terme à sa carrière sportive. Pour un sportif professionnel, s'entendre dire que l'on ne pourra désormais plus vivre de son sport, de sa passion, de ce qui fait qu'on se lève le matin doit être assez traumatisant.

Richard Parks en est l'exemple même. Loin du stéréotype de gaillard toujours joyeux, qui ne laisse rien paraître dans la souffrance, l'annonce de cette fin de carrière prématurée fait l'effet d'une bombe et le plonge dans un état dépressif et d'isolement pendant plusieurs mois.

Ce qui le sauvera? L'envie de se dépasser, physiquement, mentalement, humainement.

Petit bémol : un objet livre ayant mal vécu la lecture.

Si le contenu ne souffre que de peu de mauvaises critiques, il n'en est pas de même pour la forme. Le livre a en effet très mal vécu la lecture. Lu sur les plages de l'Adriatique, les pages se sont rapidement détachées de la tranche du livre sous l'effet de la chaleur... J'avais pourtant pris mes précautions en me gardant bien de mettre l'ouvrage au soleil pendant la lecture et lisais sous un parasol mais la qualité de la reliure n'a pas permis de préserver l'intégrité du livre. S'est ensuivi une grande difficulté pour ne plier que le milieu des pages afin de ne pas décoller totalement ces dernières de la tranche. Cela gâche un peu le plaisir de lecture, c'est dommage, mais cela n'enlève en rien la qualité de ce dernier en terme de contenu.

Petit bémol donc pour l'objet livre en lui même.

Un contenu riche.


Richard Parks nous raconte (à peu prêt) tout de son "réveil". Parce qu'il faut en effet parler de "réveil". L'objectif qu'il se fixe initialement? Le challenge 737 (gravir les 7 plus hauts sommets des 7 continents et atteindre les 3 pôles (le sommet de l'Everest étant considéré comme tel), le tout... En sept mois! Vaste programme me direz-vous ! 

S'il nous raconte effectivement l'épopée elle même, il nous parle également et c'est, je crois assez rare, plutôt longuement de la préparation afférente : la recherche de sponsor, les stages d'acclimatation,... Il nous parle sans détour des difficultés qu'il a pu rencontrer des déceptions qui ont rythmé son aventure,... Il nous parle également de ses ressentis, de ses émotions, sans tomber dans le sentimentalisme mais avec l'envie, je pense, de toucher le lecteur. A ce titre, on tombe, j'ai trouvé, parfois, dans un certain "trop"... Mais j'ai bien conscience que parler de soi peut inévitablement conduire à vouloir "romancer" quelque peu ses expériences... Il n'est, j'en suis plus que conscient vraiment pas évident de s'épancher sans vouloir plaire... On lui pardonne donc ce qui pourra être perçu (par moi en tous les cas) comme un embellissement de la réalité! 

Outre ce périple du Challenge 737, qui prend une place prépondérante dans le livre, on découvre également d'autres de ses défis : trek,...

En bref, à lire ou pas? : j'ai passé, outre les problèmes de reliure, assez gênants,  un très bon moment de lecture. J'ai vraiment apprécié le fait qu'il évoque le "pourquoi" l'alpinisme. Qu'il nous dévoile les mécanismes qui ont dicté sa volonté de se dépasser, de se transcender. L'aventure de l'homme est profondément attachante, admirable même! C'est encore une fois, une très belle leçon que nous donne ce sportif de l'extrême. A lire en bref!

lundi 5 septembre 2016

Vouloir toucher les étoiles - Mike HORN


Premier récit de voyage que je lis : une expérience de lecture vraiment sympa.

J'étais déjà familié de l'aventurier Mike Horn, que j'ai pu découvrir au détour de l'émission "The Island" sur M6.

Grand féru de télé-réalité de type "survival", l'homme et son expérience m'ont séduit. Aussi, quand est venu le temps des vacances, l'envi de découvrir un nouveau style littéraire (les récits de voyage donc) a vite fait son bout de chemin. Le besoin de s'évader un peu plus encore du quotidien de découvrir le dépassement au travers d'expériences extrêmes, intenses,... Bref, l'occasion de découvrir un style littéraire en même temps que l'histoire d'un homme qui m'intrigue.

Et quelle histoire!? 

Pas de suspens : j'ai tout simplement adoré!

Un récit bien écrit, bien décrit. 


J'ai apprécié la plume de l'homme autant que son histoire.

Peu familié en matière d'alpinisme (puisqu'il s'agit, dans cet ouvrage, essentiellement de cela) je n'ai pas été "largué". Bien au contraire! Effectivement, quand bien même on ne maîtrise que techniquement peu le sujet, l'ouvrage est accessible sans pour autant tomber dans la vulgarisation. L'auteur dit les choses comme elles sont, sans phare, sans détour. C'est d'ailleurs ce qui m'a quelque peu dérouté au départ.

Je m'explique : dans l'idée, je me représentais les alpinistes comme des gens peu expressifs, intériorisant beaucoup, dans l'action plus que dans la démonstration et l'émotion. Que nenni! Mike Horn s'expose. On ne s'en trouve que plus proche de son expérience.

Un récit brut tout en humilité.


Il nous raconte l'ascension de différents 8000 (noms pour les sommets de plus de 8000m donnés dans le milieu) entrepris sans assistance ni oxygène, avec leurs hauts (les émotions ressenties, les aventures humaines, les rencontres, les exploits,...) et leur bas (la météo, les échecs, les tragédies,...) le tout avec beaucoup d'humilité. C'est ce qui m'a plu : l'humilité. L'écriture d'un tel livre pourrait en effet rapidement virer à une certaine forme  d'autocongratulation, à l'étalage de la résistance physique, mentale et psychique de l'homme, à son caractère exceptionnel. Pas du tout ! Mike Horn est d'une réelle humilité. Il confesse d'ailleurs à plusieurs reprises que c'est in fine, qu'importe la préparation, la détermination, les efforts entrepris, la montagne qui décide! Quand, comment, dans quel état, c'est elle qui dicte tout! L'homme n'a qu'à s'en accommoder, s'adapter et attendre son moment! J'ai vraiment apprécié cet humilité et la narration des ascensions (et des descentes, passage tout aussi dangereux où l'alpiniste n'est pas moins vulnérable). La préparation des expéditions, l'attente, les explications plus techniques (concernant les phases d'acclimatation notamment, essentielles pour les ascensions sans assistance), les émotions ressenties, délivrées, la mise à nu de l'homme dans ces situations extrêmes. 

Mais plus que sur Mike Horn l'alpiniste, on en apprend également sur Mike Horn l'homme, le père, le frère, le fils, le mari. Il évoque des passages marquants de sa vie, la relation avec son père, ses filles, sa femme, malheureusement depuis décédée. C'est touchant sans virer dans le sentimentale.

A lire ou non ?


C'est, en bref, un hymne au dépassement de soi, des limites que l'on s'impose malgré nous. On apprend à "regarder au-delà du mur". 

Un très agréable moment de lecture! Vraiment! Je vais d'ailleurs continuer sur ma lancée dans ce style littéraire puisque le prochain livre de la liste reste dans le même registre : Au delà de l'horizon de Richard Parks.

5 étoiles sur 5

 M. HORN, Vouloir toucher les étoiles, Xo Editions, 2015, 260 p.

Devenir Soi - Jacques ATTALI


Un titre évocateur qui laissait présager un contenu intéressant.

Mais qui laisse finalement assez sceptique. Je m’attendais en effet à pouvoir disposer, après lecture, si ce n’est de réponses, à tout le moins de clés permettant, toute proportion gardée, de se révéler à soi-même. De s’affirmer socialement, professionnellement, humainement même. Loin s’en faut, il n’en a globalement point été.

De fait, l’ouvrage est, curieusement d’ailleurs, eu égard à la qualité global des écrits que l’auteur a pu produire jusque là, assez mal construit, assez mal écrit même.

En effet, passée la description apocalyptique de notre société et de son avenir (abordée comme un recueil de problématiques plus ou moins contemporaines), si plus de personnes ne « deviennent pas elle même » (un scénario catastrophe digne d’un vrai téléfilm allemand…), s’ensuit un inventaire à la Prévert qui casse intrinsèquement la (très relative) dynamique du livre et qui nous vante et expose les réussites de certains. 

S’enchaînent en effet d’ultra-synthétiques biographies de personnes étant « devenues elles-mêmes », s’étant affirmées dans leur environnement, ayant « réussies » à exprimer leur "moi intérieur" dans leur vie. Bien trop nombreux, ces résumés, pour la plupart assez connus et illustrant pourtant bien le « devenir soi » Attalien, n’apportent aucune réelle plus-value à l’ouvrage, elles en casse le rythme, nous entraînent dans une forme de lassitude. Le sentiment laissé ? Un auteur qui souhaitait gonfler le volume de son ouvrage… On se prend d’ailleurs à espérer vite finir le livre. Mauvais signe en somme...

Une dernière partie laissant (faussement) espérer une amélioration.

La dernière partie du livre, plus raccord avec le titre, nous donne un semblant de faisceau d’indice pour « Devenir nous-même » et ne rattrape pas les longueurs des chapitres précédents. Malgré quelques ponctuelles fulgurances, notamment lorsque l’auteur évoque la religion et le thème plus spécifique de la « prédestination », un sujet porteur actuellement,  on ne dispose clairement pas de la matière qui nous motive à poursuivre la lecture. On en ressort pas vraiment plus grandit, pas vraiment plus armé, mais, certes, un peu plus alerte quant aux réalités de notre société (ne fussent-elle pas déjà connues).

A lire ou non ?

En bref, loin d’être un chef d’œuvre, loin d’être un « Attali » (qui nous a habitué à bien mieux), on appréciera tout de même la plume de l’auteur, un peu gâchée toutefois par son inventaire à la Prévert. Un moment de lecture sans saveur. On lit, certes, mais sans réel entrain ni même fondamentale envie. Lecteurs intéressés par la thématique, passés votre chemin et tournez vous vers d’autres horizons si vous en avez la possibilité. Il existe, à mon sens, bien mieux en la matière (Organize your mind, organize your Life, par exemple !).

Final Fantasy X-2.5 - Le Prix de l'Eternité - Kazushige NOJIMA

K. NOJIMA, Final Fantasy X-2.5 - Le Prix de l'Eternité, Lumen, 2014, 273 p.

Un bien bel ouvrage que cet ouvrage.

Avant de commencer à jeter mes sentiments et ressentis sur le fond, parlons de la forme. Deux choses ont en effet motivé mon achat : la licence tout d'abord. En grand fan de Final Fantasy, je ne pouvais tout d'abord rester de marbre devant ce complément à l'histoire sortie sous format vidéoludique il y a quelques années. En effet, l'univers, lors de mes heures de jeux, m'a littéralement happé. Idyllique dans ses décors, le monde de Spira n'en reste pas moins le lieu de bien des traccas et c'est ce qui fait la profondeur de son scénario.

Le deuxième élément ayant su me décider à acheter cette ouvrage est son packaging. Qu'on se le dise, l'objet livre est de toute beauté. Tout en sobriété, avec ses couleurs sombres, les deux personnages (Yuna & Tidus) apparaissent  sur les deux couvertures (la première et la dernière). La qualité des matériaux utilisés est vraiment agréable et on apprécie le marque page de type fil mis à disposition. En bref : rien à dire concernant l'objet en lui même!

Une construction confuse.


Concernant le contenu du livre maintenant, plus de choses à dire et pas forcément que des bonnes. 

L'histoire, pour ne pas trop en dévoiler, met en scène les retrouvailles de Yuna et Tidus après l'issue du jeu (je reste bref afin de ne pas vous gâcher l´intérêt (le seul...?) du livre).

Alternant entre les époques et les personnages, on se trouve, à certains moments, désarçonné par le cours des évènements, par la profusion de sentiments, d'incompréhension même parfois.

Le plus destabilisant, c'est le fait de ne pas reconnaître nos héros. Un Spira bien plus sombre que celui auquel l'on a été habitué. Des personnages torturés par leurs émotions, qui se questionnent sur leur amour. En bref, ce qui devait s'annoncer comme de grandes retrouvailles se trouve être de tristes retrouvailles. On se prend presque même à regretter d'avoir lu le livre tellement les émotions qui y sont développées concernant notre couple de héros sont "humaines".

Et c'est bien là que le bât blesse mais que l'ouvrage est intéressant. Nos héros éprouvent des sentiments humains après de tristes circonstances. L'auteur casse l'image de couple "prédestiné", de couple "miraculé". Les retrouvailles sont torturées, les personnages ont grandi, muri, et sont humains. Leurs questionnement sont ceux que pourraient avoir des gens dans le monde qui est le notre après une telle séparation. On arrête de rêver pour vivre. Ce sentiment est désarçonnant car on s'identifie davantage aux personnages, mais cela, presque à regret...

La plume n'est, elle non plus, pas des plus agréables. Les allers retours successifs entre les différentes époques gâchent quelque peu le plaisir de lecture. À mon sens en tous cas. Et certains passages sont à la limite de l'inintéressant.

A lire ou non ?

En conclusion, si j'ai pu apprécier de me replonger dans cet univers (qui m'avait vraiment transporté à l'époque des jeux), je n'ai pas passé un super moment de lecture. J'ai même du, pour être totalement franc, me faire violence pour le terminer. Aussi je ne saurais conseiller ce livre qu'aux seuls fans de la saga. Cela prolonge certes l'expérience mais l'on a clairement pas ici affaire à un chef d'oeuvre. Pour les moins avertis, passez votre chemin.

samedi 16 mai 2015

Conseil lecture : Ma blessure de guerre invisible - Sylvain FAVIERE


S. FAVIERE, Ma Blessure de Guerre Invisible, Esprit Com', 2013, 150 p. 

Qu'il s'agisse de RFI, du Figaro, de La Croix et de bien d'autre, l'actualité bouillante titrait récemment le malaise au sein des armées face aux statistiques tombés récemment concernant les militaires récemment rentrés d'OPEX et tout particulièrement de RCA.

Aussi, et afin de mettre l'actualité bouillante en lumière de mes récentes lectures, me permets-je que de vous conseiller le superbe livre de Sylvain FAVIERE, Ma blessure de guerre invisible. 

Il s'agit là d'un témoignage d'un de ces "traumatisés", l'adjudant FAVIERE, ayant participé à l' "OPEX des OPEX", celle d'Afghanistan. Loin de tomber dans le misérabilisme, l'auteur nous conte son histoire sans faux-semblant ni fare. C'est l'histoire d'un militaire parmi les militaires. Et c'est bien cela qui en fait la beauté. Cette histoire beaucoup pourrait sans doute nous la conter...

Humilité, confidence et sensibilité en sont les maîtres mots. Un ouvrage fort intéressant qui nous rappelle que la guerre reste "vilaine", qu'en outre des corps, ce sont des "esprits", des familles, en somme, des vies qui y basculent et ce, qu'ils s'agissent "des vaincus où des vainqueurs" (rhétorique fortuite s'il en est....). 

Un témoignage véritablement poignant qui nous rappelle que, derrière les chiffres, existent bel et bien des hommes, qui consacrent leurs vies à notre pays et qui, par cet acte de bravoure, en gardent, souvent des stigmates jusqu'à leur dernier souffle.

Quelques extraits pour vous permettre d'en appréhender la teneur :

"Parce que bien que frères d’armes, bien qu’unis par ces missions et ce métier si particulier, bien que tous rattachés à cette « grande famille », nous restions un être unique, un être humain sensible à ce qui l’entoure, à ce qu’il vit et à ce qu’il voit. Entre exaltation et quiétude, camaraderie et confiance, fatigue et inquiétude, chacun allait vivre sa mission. Et ce avec ses différences. Que l’on soit officier, sous-officier ou militaire du rang, les conflits armés n’épargnent personne. Mais que provoquent-ils ? Aguerrissement du combattant ou fragilisation du soldat ? Avec un peu de recul, les témoignages de mes camarades et mon expériences personnelle, je peux aujourd’hui mieux comprendre et décrire les différents états psychologiques que peuvent ressentir les soldats français ayant participé à cette mission un peu particulière, à ses débuts en tous cas…"

"Risquer sa vie pour préserver celle des autres était une cause noble à mon sens. Honneur, fierté, sentiment du devoir accompli, aider son prochain, servir les valeurs de la République ? Des mots forts, présomptueux pour certains, mais tellement vrais pour moi, engagé par conviction et vocation, il y a de cela 19 ans."

"Le plus réconfortant pour le soldat, esseulé parfois dans de longues journées de garde et de veille, était le courrier. Que la forme fut papier, électronique, colis, elle était une barre d’énergie à assimilation rapide. Un parent, un ami… peu importait, pourvu que quelqu’un pensât à votre petite personne au milieu de cet Afghanistan sec et hostile. Une lettre vous réchauffait le cœur et vous redonnait la volonté de repartir pour les mois restants."

" Parfois trop courts, ces moments de quiétude étaient nécessaires au soldat pour cicatriser les petites plaies ouvertes durant les longs moments dans les zones de conflits. Ils étaient une phase de reconstruction du combattant. J’expliquais souvent dans des cours de secours au combat que le soldat avait un potentiel-nerfs à sa disposition. Ces nerfs s’amenuisaient à mesure des agressions qu’il subissait. Et si l’on voulait que le combattant soit optimum, il devait préserver son capital-nerfs en le laissant se régénérer. Un combattant serein, quiet, est un combattant qui peut retourner s’exposer, accomplir sa mission."

"Le risque de mort était sous chaque route, derrière chaque baraquement, sur chaque colline. Nul lieu n’était sur. La mort rôdait en Afghanistan, chaque jour, emportant un soldat défenseur de la paix dans le monde. Profiter de la vie militaire, se construire une identité au sein d’une collectivité permettait au soldat de se réaliser. S’aguerrir, se maîtriser, le faisaient devenir un combattant. Les agressions physiques subies par nos organismes étaient intenses, mais de courtes durée, et surtout ne laissaient que peu de cicatrice. Mais dans ce conflit d’un nouveau genre, nous n’étions pas si bien armés. Habitués pour la plupart d’entre nous à des missions de maintien de l’ordre à travers le monde, notre génération d’anciens allait découvrir la réalité de la guerre menée par les talibans, pour la première fois."

"L’état de stress post-traumatique de guerre était une blessure que certain soldat pouvait rapporter après une opération extérieure. Appelée autrefois névrose post-traumatique, elle avait fait son apparition, ou plutôt elle avait connu ses lettres d’or après la guerre du Viet Nam, concernant les soldats américains. Dans un monde plus moderne, les évènements somaliens avaient fait connaître aux soldats français une recrudescence des troubles psychologiques liés aux travaux effectués sur des charniers de cadavres…"

"Notre ressentiment à tous était un manque de connaissance des intérêts français de la part de nos concitoyens en France. Cela nous blessait, nous avions le sentiment d’avoir combattu pour rien, sachant qu’au fond de nous ce ne l’était pas. L’idée que des français étaient contre notre présence en Afghanistan nous touchait au cœur. C’était général. Le psychiatre avait pris note. Il nous avait orienté surtout sur le fait de ne pas submerger nos familles en rentrant. Il voulait dire qu’il ne fallait pas bouleverser les habitudes de la famille qui avait vécu 6 mois sans nous, voire plus en comptant les mois de préparation."

"Alors je me suis isolé chez moi. Mon épouse et mes filles poursuivaient leur rythme de vie. Elles avaient à faire. Je ne voulais pas les perturber, je n’avais rien à faire de mon côté. Je regardais la télé, découvrant le nouveau format des émissions. J’allais faire un footing tous les deux jours, péniblement, car j’avais un peu perdu ma condition physique. Je me rendais souvent au supermarché, en guise de promenade et de divertissement. J’allais voir les nouveautés au cinéma. Souvent seul, toujours seul, je parlais peu, je n’échangeais pas avec grand monde."